La chaux et les hommes
Dans la région, la chaux a traditionnellement été employée dans la construction individuelle.
On fabriquait parfois soi-même sa chaux pour sceller les pierres de construction et les rejointoyer, ou pour réaliser des enduits.
Mais la chaux connaît bien d'autres utilisations
On fabriquait parfois soi-même sa chaux pour sceller les pierres de construction et les rejointoyer, ou pour réaliser des enduits.
Mais la chaux connaît bien d'autres utilisations
1- découverte
2- historique 3- différentes sortes de chaux |
4- utilisations de la chaux
5- toponymie dérivée du mot four ou du mot chaux 6- législation au XIXe siècle |
1- Découverte
La chaux a été utilisée depuis la nuit des temps.
On peut supposer que l’homme préhistorique a pu découvrir la chaux dès qu’il a maîtrisé le feu
Des pierres ceinturaient le foyer entretenu jour et nuit pour ne pas être perdu et pour éloigner les bêtes sauvages. Parmi ces pierres certaines étaient calcaires (CaCO³). Sous l'effet de la chaleur produite pendant plusieurs jours, elles ont fini par se décarbonater et former de la chaux vive
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Sous l’effet de la pluie, la chaux vive s’est hydratée et transformée en chaux éteinte
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Le cycle de la chaux
La chaux est obtenue à partir d'un calcaire très pur CaCO³ porté à une température de plus de 1000 °. Il se produit alors une réaction chimique : Le calcaire se décarbonate, il se décompose en chaux vive et libère du gaz carbonique. CaO + CO²
Après cuisson, la chaux vive à gardé le même aspect physique, mais sa masse volumique est devenue plus faible. La chaux vive est avide d'humidité. Elle réagit au contact de l'eau avec un fort dégagement de chaleur (réaction exothermique) puis se transforme en une poudre appelée chaux éteinte ou fleur de chaux. CaO + H²O.
Quand elle se combine avec le gaz carbonique elle se recarbonate, Ca(OH)² + CO² et redevient calcaire. CaCO³ + H²O
2- Historique
La plupart des peuples de l’Antiquité connaissaient la chaux : EGYPTIENS, ETRUSQUES , PHENICIENS,GRECS,ROMAINS
- 10 000 av JC Premières traces de fabrication de chaux en MESOPOTAMIE (actuellement IRAK)
- 3000 av JC les moines du Tibet stabilisaient les sols argileux à la chaux avant d'y édifier leurs temples.
- Les Romains utilisaient la chaux :
- comme liant dans les constructions, elle servait aussi à fabriquer des enduits ou des fresques.
- Ils l’utilisaient pour assécher les sols humides ou pour des applications chimiques
- Ils amélioraient la qualité de leur mortier de chaux en y ajoutant de la brique pilée.
- Les Chinois utilisent la chaux dans la construction de la grande muraille
- Les Incas et les Mayas connaissaient l’usage de la chaux pour leurs constructions
- Au Moyen Age, les alchimistes découvrent ses propriétés caustiques et produisent une sorte de savon.
- au XVIIIe siècle : Black et Lavoisier, décrivent les réactions chimiques se produisant lors de son élaboration.
- au XIXe Vicat, Debray et Lechatelier complètent leurs travaux et font une approche de ses applications possibles. Vicat découvre le ciment moderne.
La naissance de l'ère industrielle, avec le développement de la sidérurgie, va entraîner une demande considérable en chaux. Dès lors, ses moyens de production vont sans cesse se perfectionner, ses critères de qualité seront de plus en plus précis de même que ses applications qui se diversifieront sans cesse.
3 - Différentes sortes de chaux
- CHAUX VIVE : matériau obtenu par calcination du calcaire. Dans le cas d’un calcaire pur, on obtient un CARBONATE DE CALCIUM (CaO) ou CHAUX AERIENNE, ou CHAUX GRASSE
- CHAUX ETEINTE : Après calcination des calcaires, l’extinction par apport d’eau donne les chaux éteintes dans les cas de calcaires purs. On dit aussi CHAUX HYDRATEE ou HYDRATE DE CHAUX
- CHAUX AERIENNE : Chaux ayant la propriété de faire sa prise à l’air : la carbonatation, par réaction avec le gaz carbonique, plus le calcaire est pur, plus la chaux sera aérienne.
- CHAUX HYDRAULIQUE : Chaux ayant la propriété de faire tout ou partie de sa prise à l’eau. LA CHAUX HYDRAULIQUE NATURELLE est obtenue à partir de la calcination d’un calcaire impur, (contenant des silicates ou des aluminates) Ayant la propriété de faire une partie de sa prise à l’eau, une autre partie à l’air. On dit aussi CHAUX MAIGRE.
Classification des chaux (d'après M. Devillez, Constructions civiles).
Avec ,moins de 10 % d'argile dans le calcaire, On obtient de la chaux grasse.
Avec 11 % d'argile pour 89 % de calcaire pur on obtient de la chaux un peu hydraulique.
Avec 17 % d'argile pour 83 % de calcaire pur, on obtient de la chaux hydraulique ordinaire.
Avec 20 % d'argile pour 80 % de calcaire, on obtient de la chaux éminemment hydraulique.
Avec 25 % d'argile pour 75 % de calcaire, on obtient de la chaux limite.
Avec 27 % d'argile pour 7.3 % de calcaire, on obtient des ciments romains limites inférieurs.
Avec 36 % d'argile pour 64 % de calcaire, on obtient le ciment romain ordinaire.
Avec 61 % d'argile pour 39 % de calcaire, on obtient des ciments romains limites supérieurs.
Avec 84 % d'argile pour 16 % de calcaire, on obtient des pouzzolanes
4 - Utilisation de la chaux
BÂTIMENT
chaux aérienne pour les enduits les rejointoiements et la décoration :
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chaux hydraulique pour l'édification de murs en pierres ou en moellons , soubassements , dalles…
béton cellulaire : chaux vive + sable + ciment + poudre d'alumie + eau (La réaction chaux + alumine provoque la formation de minuscules bulles de gaz.) Propriétés isolantes. ... d'autres utilisations ... |
AGRICULTURE
Rectifie le PH des sols trop acides, argileux ou sableux. (il doit être compris entre 6,5 et 7,5)
ENVIRONNEMENT
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RESEAU ROUTIER |
INDUSTRIE |
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5- Toponymie
D’après « Matheysine –Valbonnais Les noms de lieux » de V. BETTEGA 1997
noms de lieux dérivés du mot chaux :
Ces noms de quartiers ou lieux-dits sont sans doute le témoignage de la présence d’ancien four à chaux.
D’après « Matheysine –Valbonnais Les noms de lieux » de V. BETTEGA 1997
noms de lieux dérivés du mot chaux :
Ces noms de quartiers ou lieux-dits sont sans doute le témoignage de la présence d’ancien four à chaux.
Le Fourneau et ses dérivés évoquent les fours industriels, surtout les fours à chaux :
Le Fourneau (Notre Dame de Vaulx , la Motte d’Aveillans …) Les Fourneaux (Entraigues) Le Fournay (Motte St Martin, Motte d’Aveillans) Le Fournel (Notre Dame de vaulx, Oris, Susville, Valbonnais, Cholonge) Le Fournelay (Pont Haut) Le Fournela (Oris, Le Périer, La Mure, Valjouffrey) Le Fournella (Lavaldens, Entraigues) Le Fournail (Valjouffrey) Le Fournachy (Lavaldens, Marcieux, Prunières, St-Jean-de-Vaulx, St Theoffrey, Valjouffrey) |
La Fournasse (St Théoffrey)
La Fournazy (Prunières, St Théoffrey) La Fournache (Monteynard, Oris, Siévoz, St Jean de Vaulx, Mayres Savel) Les Fournaches ( Marcieu, La Motte d’Aveillans, Nantes en Ratier, St Honoré ) La Fournayre (Le Périer) Four à Chaux (Pierre Châtel ) Four de chaux ( La Motte d’Aveillans) Four à Plâtre ( La Morte, Lavaldens) Raffourd ou Rafour ( Notre Dame de Vaulx) Fours à ciment ( la Motte St Martin, Villard St Christophe) |
Dans le canton de Corps, nous trouvons aussi : Les Fournelles, le Fournat, le Fournela, le Fournet, Le Fournol
Les mots Chaussin, Chouchières, la Chaupsière évoquent la chaux.
Les mots Chaussin, Chouchières, la Chaupsière évoquent la chaux.
6- Législation concernant la construction d'un four à chaux au XIXè siècle
Demandes faites la plupart du temps par des particuliers, mais aussi pour créer une activité industrielle, artisanale ou commerciale, dans ce cas les autorisations différaient.
D’après « Matheysine et Valbonnais : les noms de lieux » de V. BETTEGA et les archives départementales de l’Isère.
On recense dans le Valbonnais, plus de 150 fours de 1830 à 1900 dont 40 à Valjouffrey.
Le four à ciment suppose une construction en dur permanente. Dans ces fours, on peut aussi cuire briques et tuiles. Oris : M. Clavel Bruno : demande pour un four à chaux temporaire. Accordée pour 4 ans, mais 3 mois par an. Nantes en Rattier : M. Pellat Cabaretier : demande pour un four à chaux temporaire au centre du village au Serret éloigné de toute forêt communale, ne cause aucune incommodité à qui que ce soit. D’ailleurs, au même emplacement de tout temps, il y a eu des fours à chaux. Autorisation : - doit le maintenir en activité pendant 1 mois - doit prévenir le garde forestier 24 h à l’avance au moment de la mise à feu. - Doit le supprimer à l’expiration du délai. |
Valbonnais:
Demande M.Audinos de Valbonnais le 4 juin 1848 Le four construit en 1844 a été en partie détruit par les eaux du torrent de la Combe Malle. Accordée mais le four sera alimenté au charbon de pierre. MM. Audinos frères et Ruty. Demande four à chaux permanent accordée pour 5 ans. Entaigues : Le 9 mars 1879, M. Charles Jacques demande de se faire construire un four à chaux permanent au lieu dit les Chaux. Il ne doit alimenter son four qu’avec de la houille ou de l’anthracite. Valsenestre : Le 13 décembre 1845 Frédéric Charles expose : « la lavanche du 16 janvier 1842 ayant renversé tous les bâtiments, il n’a pas pu encore les relever, les réparer faute de moyens, Aujourd’hui que les enfants sont plus grands et qu’ils a pris force, il voudrait finir de les réparer, mais il a besoin de chaux parce qu’il n’a pas les moyens de l’acheter ». Pellafol Le 3 mars 1862. Demande de Castellatty Natale, entrepreneur pour la construction de la maison d’école de Pellafol. Le four sera à la Combe de l'Adrec. C’est le seul endroit où se rencontre la pierre de chaux hydraulique. Corps Faure Antoinin, chauffournier de Corps sollicite l’ouverture d’un four à ciment et d’un moulin à ciment au Mas de Gournier et des Blachettes. Le conseil municipal est d’accord à condition que la commune se réserve le droit de faire cesser toute extraction de pierre prise dans le ruisseau et ailleurs. Le sieur Faure est un bon et honnête ouvrier mais il est sans fortune…l’industrie qu’il désire entreprendre rendrait, certainement en même temps service aux habitants des communes environnantes lesquelles sont tenues de se procurer le ciment nécessaire dans les usines lointaines. La demande est accordée en 1859. (ADI 120M51) |